Publié le 28/06/2016 - Mis à jour le 10/01/2024
Fabriquer ses charcuteries maison représente quelque chose de très agréable et convivial, qui rappelle pour certains la tradition familiale et pour d'autres la bonne odeur du terroir. De plus, réaliser des charcuteries sous boyaux reste, suivant les spécialités, assez simple une fois qu'on a répondu à ces deux questions : quels boyaux choisir et comment les utiliser ? On vous dit tout !
Choisir un boyaux est relativement facile puisqu'il s'agit simplement de choisir le diamètre, la forme et la texture que l'on souhaite donner au produit fini : gros VS petit, droit VS courbé. Pour faire court, les merguez se poussent dans du boyaux de mouton en calibre 20/22, les chipolatas dans du mouton en 22/24, le boudin blanc dans du boyaux de porc en 30/32 et le boudin noir dans du porc en 32/35.
Cette première partie aborde de façon très succincte et globale le rôle du boyaudier et répond à la question : Qu'est ce qu'un boyau ?
Enveloppe cylindrique d'origine naturelle ou artificielle, utilisée en charcuterie pour la fabrication de spécialités à base de viande ou de poisson.
Les charcutiers professionnels utilisent le boyau pour conditionner la viande, préalablement travaillée, maturée et assaisonnée de mélanges et d'épices.
Le boyau naturel est très apprécié pour de nombreuses raisons : tout d'abord parce qu'il est comestible et très résistant, mais aussi parce qu'il apporte une qualité gustative supplémentaire à la charcuterie.
Le boyau naturel n'est pas un simple tube ! Si on le regarde de plus près, il est fabriqué à partir de la sous muqueuse (une couche de l'intestin constitué essentiellement de collagène).
Il est composé de 3 couches :
- 1ère : la couche externe (couche musculaire) se compose de la séreuse et de graisse,
- 2ème : la couche centrale se constitue de fibres musculaires blanches, apportant la résistance au boyau,
- 3ème : la couche interne, très fragile, elle évoque la muqueuse et joue un rôle très important d'échange entre les aliments et le sang.
La collecte des boyaux dans les abattoirs et le traitement en boyauderie représente un processus complexe avec des procédures sanitaires rigoureuses.
Plusieurs étapes sont nécessaires avant d'obtenir un boyaux prêt à être embossé. Une succession d'étapes va être réalisée à l'aide de machines à rouleaux et de bains chauds pour : vider, retirer la graisse (première couche), défilandrer (rendre le boyau malléable et facile à travailler), retirer la muqueuse, refroidir à l'eau glacée, puis saler. Une fois les phases de nettoyage achevées, il ne restera plus que la deuxième couche du boyau.
La phase de saumurage et/ou salage demeure très importante puisqu'elle va permettre de conserver durablement et efficacement le boyau.
Le calibrage et le contrôle qualité des boyaux sont des étapes 100% manuelles qui nécessitent beaucoup de temps, de savoir-faire et de dextérité.
La qualité des boyaux est noté en règle générale de A à C. "A" désignant un boyaux de grande qualité, résistant, bien calibré et peu poreux. "B" qualifiant un boyau de qualité moyenne et "C" de basse qualité.
Ce paragraphe est certainement celui qui vous intéressera le plus et dans lequel nous distinguerons les différents types de boyaux les plus utilisés en charcuterie pour la réalisation de vos préparations et spécialités.
Il existe sur le marché du boyaux 3 grandes familles : le porc, le mouton ainsi que le bœuf.
Chacun d'entre eux s'utilisent en charcuteries pour des préparations différentes. Suivant le type de charcuterie voulu, le type de mêlées, le matériel d'embossage utilisé, le diamètre final souhaité, il faudra s'adapter à tel ou tel type de boyau.
Les calibres sont donnés à titre indicatif, rien ne vous empêche de choisir un diamètre différent pour réaliser vos saucisses, boudins et autres charcuteries. Après, cela dépend du goût de chacun !
Si toutefois vous recherchez ou souhaitez être conseillé sur des boyaux spécifiques, par exemple boyaux de cheval, fuseau, ... n'hésitez pas à nous contacter.
- Caractéristique : le menu provient de l'intestin grêle des ovins. Sa longueur oscille entre 15 et 20 mètres, avec un calibre allant de 14 à 30 mm.
- Spécificité : c'est un boyau courbe de petit diamètre, tendre et résistant aux opérations de remplissage, de cuisson et de fumage.
- Utilisation : pour des saucisses fraîches (chipolata, merguez) - saucisses cuites (Francfort, Strasbourg, cocktail, saucisses blanches et pâtes fines) - saucisses sèches (fuet Catalan, chorizo).
- Couleur : les boyaux vont du blanc au gris. Le coloris varie en fonction de la provenance des moutons et de l'alimentation que l'animal aura reçu.
Nota : pour répondre au besoin de certaines religions, le boyau de mouton est disponible en Halal.
Type de charcuterie | Calibre conseillé |
Chipolata | 22/24 voir 24/26 |
Merguez | 20/22 |
Saucisse de Francfort | 22/24 |
Saucisse de Strasbourg | 22/24 |
Saucisse sèche | 20/22 |
- Caractéristique : provient de l'intestin grêle des porcins. Il mesure entre 16 et 20 m et son calibre varie de 26 à 45 mm.
- Spécificité : c'est un boyau courbe de diamètre moyen.
- Utilisation : boudins, saucisses de Toulouse, andouillettes, saucisses sèches, chorizo, cervelas, Montbéliard, figatelli, saucisses à frire.
- Couleur : blanc beige.
Type de charcuterie | Calibre conseillé |
Boudin noir | 32/35 voir 35/38 |
Boudin blanc | 30/32 |
Andouillette | 32/35 |
Saucisse de Toulouse | 30/32 |
Cervelas | 30/32 |
Saucisses de Montbéliard | 32/35 |
- Caractéristique : provient du gros intestin des porcs.
- Utilisation : boudin noir (suivant les régions), saucissons secs, andouille de Vire, andouillette (pour la robe).
- Spécificité : c'est un boyau frisé, notamment dans les gros calibres.
- Principaux diamètres utilisés : 50/54.
- Caractéristique : boyaux droit provenant du gros intestin des bovins.
- Utilisation : saucisson cuit (droit à l'ail), saucisson sec, saucisson Lyonnais, andouillette, chorizo, cervelas.
- Principaux diamètres utilisés : 50/55 - 60/65.
- Caractéristique : appendice du bovin d'une longueur moyenne de 45 à 50 cm pour un calibre allant de 89 à 125+.
- Utilisation : andouille, salami, coppa, mortadelle, saucisson de langue, saucisse de veau.
- Principaux diamètres utilisés : 125/+.
- Caractéristique : boyaux courbe.
- Utilisation : saucisson cuit (courbe à l'ail), andouillette, chorizo, boudin noir, cervelas.
- Principaux diamètres utilisés : 37/40.
Également appelés boyaux manufacturés ou artificiels, ils sont fabriqués en cellulose, plastique ou collagène.
Très utilisés pour la fabrication de charcuterie industrielles car moins onéreux que le boyaux naturel et avec un calibre strict, les boyaux synthétiques sont de plus en plus courant. De plus, la standardisation des produits et la réduction des coûts sont autant de facteurs, causes de l'utilisation de ces boyaux.
Très souvent, une question nous revient : est ce que les boyaux synthétiques sont comestibles ? Et bien cela dépend, si vous utilisé du boyaux collagène oui, en plastique non. Cependant, une chose est commune c'est que d'un point de vue gustatif c'est très moyen.
Ils restent la "rolls" des boyaux et ce pour de nombreuses raisons : meilleure pénétration de la fumée lors du fumage, élastique et très résistant, absence de goût à la viande, qualité de cuisson, qualité du séchage (la porosité naturelle du boyaux laisse respirer la viande). De plus, ils offrent une apparence soignée et de qualité artisanale au produit final.
Si vous hésitez entre naturel et artificiel, n'hésitez plus .... naturel à 200% !
Rien de plus simple ! Si par exemple, vous observez un saucisson sec et que vous voyez du plastique "chiffoné" en bout, que la peau est collante ou encore que la viande ne colle pas au boyau, n'ayez aucun doute c'est de l'artificiel.
Certes, les boyaux chinois sont moins chers à l'achat, mais que d'embêtement lors de la réalisation de vos boudins ou saucisses! Pour faire simple, ils sont très moyennement calibrés et présentent un certain nombre de trous. Demandez à tous ceux qui ont acheté des boyaux chinois s'ils en sont satisfaits, et surtout s'ils n'ont pas été dérangés pour les pousser. Des saucisses ou boudins ratés, c'est vexant...
Entre le boyau en saumure ou en sel sec, la différence repose principalement la simplicité d'exécution. Les boyaux en saumure sont prêts à l'emploi, alors que les secs nécessitent une phase de dessalage (voir détail paragraphe "Utilisation des boyaux"). Côté conservation, les secs peuvent être congelés (personnellement je ne recommande pas) et ceux en saumure resteront dans le réfrigérateur.
Les bouchers-charcutiers préfèrent utiliser les boyaux en saumure (et même montés sur tube), car ils offrent une facilité d'utilisation et aucun temps de dessalage requis.
Si vous souhaitez exporter ou "faire voyager" des boyaux, nous vous recommandons vivement de les acheter en sel sec car la saumure risquerait de tourner avec une température ambiante élevée pendant plusieurs jours. De plus, si vous souhaitez conserver vos boyaux en sel secs pendant une durée supérieure à 1 an, envisagez de les mettre en saumure de façon à éviter que le sel ne dégrade la qualité du boyau et les perce.
• Pour une masse de 60 mètres de porc dans un diamètre de 32/35, vous pourrez fabriquer environ 50 Kg.
• Pour une masse de 60 mètres de mouton d'un calibre 22/24, vous pourrez réaliser environ 18 Kg de chipolata (soit environ 300 saucisses).
Le trempage est une phase simple mais importante, qu'il ne faut pas négliger pour être "tranquille" lors de la fabrication. Il se fait en 3 étapes :
1) Le dessalage actif : consiste à agiter les filets ou masse de boyaux dans de l'eau froide de façon à enlever l'excès de sel.
2) Le dessalage passif : consiste à laisse tremper les boyaux dans un grand volume d'eau dit "dégourdie" (autrement dit, à une température de 20/25°C, entre 2 à 5 heures).
3) La réhydratation à l'eau tiède à 35°C (entre 30 et 37°C, température corporelle) pendant 30 minutes. Cette dernière phase est primordiale puisqu'elle rendra le boyaux plus souple et malléable pour les embosser avec facilité.
Important : il ne faut surtout pas utiliser de l'eau à une température supérieure à 40°C ou les laisser tremper trop longtemps au risque de les cuire et dégrader le tissu. À l'utilisation, vous risquez de les voir se déchirer ou percer.
Plus simple à mettre en œuvre, il vous suffit de faire un dessalage passif puis une réhydratation à l'eau tiède. Souvent un rinçage rapide sous l'eau froide puis une réhydratation est suffisant.
Les boyaux tubés permettent d'économiser du temps et de la main d’œuvre en facilitant de façon significative l'embossage sur les canules des poussoirs à saucisses. La production est alors plus importante.
Suivant le type de charcuterie souhaitée (saucisses de Strasbourg par exemple), il est souvent nécessaire de passer par une phase de coloration du boyaux. Le processus de coloration des boyaux se fait à partir du carmin de cochenille. Vous pouvez consulter le process précis en vous rendant directement sur la fiche produit du carmin de cochenille.
Pour une fabrication optimale de vos spécialités, plusieurs critères sont importants à prendre en compte afin d'être le plus rentable possible.
En effet, il sera primordial :
- de choisir la bonne canule : inox ou aluminium d'une longueur d'environ 19 cm avec un diamètre idéal pour votre boyaux ((calibre/2)+1),
- de pousser la mêlée à la bonne température : aux alentours de 5°C. Il est important de ne pas descendre en dessous les 2°C au risque de fragiliser le boyau.
- d'avoir une vitesse de poussage régulière : attention à ne pas pousser trop fort au risque de casser le boyaux et à contrario, trop doucement, au risque de mal le remplir et laisser se former des bulles d'air.
- de choisir le bon boyau et le bon calibre : en fonction de la charcuterie que l'on souhaite fabriquer (cf partie "les différents types de boyaux et comment les utiliser" plus haut).
- d'avoir une bonne glisse du boyau sur la canule.
- d'avoir une bonne adhérence de la viande au boyau : meilleure sur le boyau naturel.
- l'absence de trou dans le boyau : qualité AAB ou AB.
- d'avoir une bonne élasticité du boyau : très important lors de la phase de séchage.
Pour calculer le prix de vente du produit final, vous devrez prendre en compte : le prix de revient (masse + viandes + épices, ...), le poids unitaire final, la quantité sortie par masse, la casse et bien sûr la main d’œuvre horaire.
Il est important de prendre en compte les différents points énumérés ci-dessus avant de se lancer dans la fabrication de vos charcuteries, de façon à être certain d'avoir un résultat très qualitatif, tant au niveau gustatif que visuel. À chaque spécialité son boyaux. Si vous avez besoin de conseils, de renseignements ou toutes autres informations, n'hésitez pas à contacter notre équipe de professionnels qui se fera un plaisir de répondre à toutes vos interrogations. N'oublions pas que la base même de la cuisine, c'est le partage et la convivialité :)
Par DANIEL, le 17/10/2017
Par RABAN BERNARD, le 15/12/2017
Par [email protected], le 14/03/2018
Par Loic , le 10/06/2018
Par Marie AMAYA, le 09/01/2019
Par Francis, le 24/01/2019
Par Françoise SCHREMER VAUTRIN, le 08/07/2019
Par G Cucco Consdultant tel: 06 13 46? 98 74, le 13/02/2020
Par PORSAN ROGER, le 09/05/2020
Par Farmer, le 16/12/2020
Par Phil, le 08/06/2021
Par Édouard , le 01/06/2022
Par stphan, le 15/11/2023
Par vincent, le 08/12/2023